17.7.06

Cimetière


Cimetière américain de Saint Laurent sur Mer


Samedi, je me suis promenée au milieu d'un grand cimetière.
La dernière fois que je me suis trouvée dans un tel endroit, c'était au mont Koya, au Japon. Des tombes innombrables parmi les crytptomères; des mères inconsolables y laissent des carrés de tissus pour leur Jizu.
Ici certainement beaucoup de mères pleurent leurs fils tombés. Eternellement jeunes. Eternellement morts. Parmi les croix, quelques étoiles disséminées, qui se confondent dans les lignes à perte de vue. Un tapis de gazon, impeccable, le bassin aux nénuphars. Le son d'une cornemuse au loin. Là tout n'est qu'ordre et beauté. Et calme. Paisible même. Le bruit de la mer en tempête, toute proche. Ce jour là, elle devait être rouge, comme au temps des plaies de Pharaon. Il n'y a plus signe de tout cela, tout est vert, et calme, et beau. Pourtant, je marche sur des milliers de corps qui eux même ont marché là, vivants, jeunes, terrorisés sûrement, et pour toujours maintenant sous mes pieds. Pour que je vive, et ma fille avec moi, comme ces petits qui courent partout en riant, que leurs parents poursuivent, génés, et calment par un baiser. Je vous embrasse aussi, dormeurs immobiles. J'ai ramassé une petite pigne, que j'ai emportée avec moi.