7.5.06

Anniversaire

Aujourd’hui, 7 Mai 2006, cela fait un an.

J’ai peine à dire anniversaire car pour moi anniversaire est intimement précédé du mot bon.
Pourtant, c’est comme cela que l’on dit, même dans le Grand Robert. Anniversaire : commémoration d’un événement.
Mais QUEL événement ?
Ou plutôt une liste d’événement.
Cela fait un an que ma vie a changé.

Les anniversaires sont l’occasion de faire le point.
Au bout d’un an, où en suis-je ?

-15 kg en moins, dont 1kg de cheveux. Selon l’opinion générale, je suis physiquement au mieux de ma forme. Cheveux très courts, noirs et rouges. Des gens me croisent et ne me reconnaissent pas. Changement total de look vestimentaire ; quand je rentre dans un magasin de fringues, j’essaie des choses qui me semblent incongrues, et souvent je les achète. Je ressemble à une héroïne de Bilal. Je vois dans les yeux des autres qu’ils me trouvent belle. Et je sais que je le suis.

- Je suis une femme seule. Je n’avais jamais vécu seule de toute ma vie. J’en découvre tous les aspects. Ceux que je déteste : n’avoir pas d’épaules ou se blottir quand ma mère est à l’agonie, n’avoir pour amant qu’un godemiché. Ceux que je préfère : traîner en tee-shirt sans avoir de réflexions, m’installer à une terrasse de café, décider au dernier moment d’aller manger des sushis ou de rester prendre un pot tardif avec mes amis, me parfumer et me faire belle pour moi, avoir dans mon congélateur de la glace à la fraise, écouter et chanter à tue-tête des chansons débiles sur Chérie FM, regarder les conducteurs des Mercedes décapotables avec concupiscence.

-J’ai un nouveau style de vie : Je fais mon lit tous les jours. Je cultive des plantes aromatiques sur mon balcon. Je vais danser le flamenco, au concert, au théâtre ou au café avec les copines. Je mijote des petits plats quasi quotidiennement. Je ne regarde plus la télévision. Je ne porte quasiment jamais de montre et je ne réponds qu’une fois sur trois au téléphone.

-Je crée et j’ai des projets : j’ai deux blogs (Melissa Likos et the sad-side of the she-wolf ). Je prépare une éventuelle reconversion à l’étranger. Je monte un spectacle avec une danseuse et un autre avec un récitant.

-J’ai des problèmes d’identité : je ne me reconnais plus lorsqu’on m’appelle Françoise et je ne me trouve pas dans l’annuaire de l’IUFM parce que je ne cherche pas à Mme Massa. Je ne sais pas si je dois signer Dvorah ou Melissa.
Et cependant, je suis devenue une seule personne : je ne suis plus la femme de ; les gens, et il y en a beaucoup, m’invitent, travaillent avec moi ou m’apprécient pour moi-même.

-Je fais des découvertes et ai de nouvelles envies : Rome, l’Europe sans la Méditerranée, boire l’apéritif, prendre un pot aux terrasses, aller en vacances dans des pays froids ou pluvieux, apprendre l’Italien, mettre de l’autobronzant.

-Le ménage s’est fait dans les proches :
J’ai appris à vivre le malheur et l’effet que cela produit sur les proches.Ma vie antérieure, atypiquement établie sur la confiance, l’éthique, l’esthétique et le partage pendant une trentaine d’année, s’est effondrée ; cela a déstabilisé ou réjouit certains, que ce bonheur irritait, réjouissait ou déstabilisait. Certains sont indifférents. Les réactions ont été sexuées, une découverte pour moi : la réaction des hommes, la réaction des femmes. Les effets de la déflagration sont à retardement : j’en ai vu changer : se détourner de moi comme si j’étais porteuse d’une maladie contagieuse, se lasser de trop de malheur, de trop de tristesse, de trop de temps, de trop de trop. J’en ai vu ressortir les mesquineries de la vie des oubliettes. J’en ai vu que je n’ai pas vu ni parlé, disparus, aux abonnés absents ou aux lieux communs assassins. J’en ai vu imperturbables, les mêmes défauts, et les mêmes qualités ; une constance rassurante en fait. J’en ai vu des lointains, des inconnus mêmes qui devenaient proches. Cette année fut faite de surprises. Je n’oublie pas les constants, les constants de tous les instants, les constants de toutes les attentions, les constants du téléphone et les constants des petites ballades, les constants des petites attentions, les constants avec qui l’on ne parle de rien mais qui sont toujours là au moment où il faut. Ils sont chers à mon cœur.

-Pour tous ceux-là, ces nouvelles. Pour ceux qui sont partis et ne reviendront pas tant mieux, pour ceux qui sont partis et ne reviendront pas tant pis. Pour ceux qui sont là silencieux. Pour ceux qui sont là parlants. Voici les nouvelles
Sans eux, ou avec eux, j’ai traversé l’année. J’ai eu mal, peur, froid. Et comme ce mail artiste des années 80 je dirai : I AM STILL ALIVE. Et bien là. En chair et en os. En désir et à vif.
Il y a un an et un jour, j’ai vu le film de Ridley Scot Kingdom of Heaven. Il y est dit.
-Que deviendrons-nous ?
-Le monde décidera. Le monde décide toujours.

Et à tous rendez-vous au plus tard, à la fin de l’an 2 (si les courriels vous trouvent dans vos boîtes)

Françoise-Dvorah-Melissa Massa-Lalou-Zehev-Likos
7 Mai 2006

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